L'intelligence du Ventre
L’intelligence du ventre
Digérer une émotion qui nous est restée sur l’estomac, écouter son instinct viscéral et faire confiance à ses tripes… tant d’expressions populaires qui pourraient s’avérer ne pas être que des métaphores. Notre ventre où notre deuxième cerveau serait doté de capacités véritablement surprenantes....
Tout le monde le sait, nous avons un cerveau dans la tête, logé à l’abri de la boîte crânienne, il est souvent considéré comme étant l’organe le plus précieux que nous ayons. Son rôle serait alors de centraliser, par le biais d’un large réseau neuronal, les informations majeures de l’organisme pour en gérer toutes les fonctions vitales. Mais ce système nerveux central est-il réellement tout-puissant ?
La science a récemment découvert que nous avons d’autres cerveaux dans le corps. Voilà qui est plutôt inattendu, une nébuleuse neuronale composée de plus de 40 000 neurones, est localisée au niveau de notre cœur. Mais de surcroît, un autre complexe, riche au grand minimum de 200 millions de neurones dans nos intestins, nous avons donc aussi un cerveau dans le ventre, et pas des moindres. C’est étonnant. A quoi sert-il ? Cela veut-il dire que nous avons d’autres sortes d’intelligences ? A savoir quel cerveau possède un ascendant sur quel autre ?
C’est relativement tard, au 19ème siècle, qu’une présence neuronale à été détectée dans nos intestins par Léopold Auerbach, un anatomiste allemand. Depuis, de nombreux scientifiques se sont penchés sur ce complexe nerveux surprenant. Non seulement un énorme réseau possédant seulement mille fois moins de neurones que le cerveau central serait logé au cœur de notre ventre, nommé le système nerveux entérique.
Les deux cerveaux seraient capables de poursuivre leur train-train chacun de leur coté sans se mélanger les pinceaux, car justement, ils ont trop peu de pinceaux en commun. Si, sans avoir besoin de l’aval du cerveau crânien, le cerveau ventral pourrait alors procéder à des actions de son propre chef.Le système entérique n’est donc pas un esclave du système nerveux central, mais un opposant doté d’un esprit.
Le système nerveux entérique est une véritable usine chimique dans laquelle on retrouve toutes les sortes de neurotransmetteurs trouvées dans le système nerveux central », souligne le Dr Gershon. Il serait notamment un grand fournisseur de dopamine, une hormone du bien-être, et de 95% de la sérotonine du corps, dont la variabilité joue un grand rôle dans l’apparition d’états dépressifs.
Le système nerveux entérique gère donc des fonctions physiologiques vitales, mais quand nous parlons de cerveau, ne parlons-nous pas généralement de capacités intelligentes ? Si nous trouvons dans le cerveau ventral les mêmes neurones et les mêmes neurotransmetteurs nécessaires à la communication nerveuse, que dans le cerveau crânien, est-ce que cela veut dire que notre ventre est capable de penser ?
Par définition, tout cerveau serait capable d’élaborer des activités psychiques non conscientes. En effet, ces complexes neuronaux sont chargés de recevoir des signaux sensoriels, d’élaborer des sensations distinctes, de les comparer à des mémoires déjà acquises, et de produire des réponses cohérentes et dites intelligentes, sous forme de messages parfois subtils et/ou complexes. Si cela peut paraître étrange d’imaginer le ventre en train de produire des représentations, d’avoir des préoccupations à partir desquelles il adopte des positionnements, le fait qu’il est doté d’une intelligence qui lui est propre semble pourtant incontournable.
“le système nerveux entérique peut fonctionner tout seul, nous devons considérer qu’il est probable qu’il ait aussi ses propres névroses “, nous dit Michael Gershon. Est-ce pour cela que nos intestins réagissent parfois si fortement au moment de grands stress ? Crampes, ballonnements, diarrhée, constipation... « Les réactions entériques face aux grandes émotions ne sont pas un concept théorique pour la plupart des gens, ils peuvent voir que le lien est bien réel », souligne le Dr Gershon.
Le système entérique peut produire des pathologies, aurait-il aussi des aptitudes à les résoudre ? « Nous pensons que le système digestif a la fonction de dissoudre les tensions émotionnelles, en déchargeant à travers la paroi intestinale les résidus et la pression liés au stress. Ainsi, nos intestins et le système nerveux entérique ont une capacité d’auto-régulation des émotions par la digestion des impacts du stress », nous explique François Lewin, auteur du livre La Psychologie Biodynamique.
Si nous pensons aux intestins plutôt en termes d’absorption d’aliments, nous oublions souvent qu’il est aussi un organe d’élimination très important. Par des techniques de massage et de relaxation, il serait alors possible de soutenir cette capacité de gestion des états psychiques de notre ventre, pour mieux nous occuper de ce qui nous est resté sur l’estomac et générer un mieux être.
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